Afin de contribuer à la promotion de la protection sociale, aux débats qu’elle suscite et aux analyses qui sont développées sur son organisation, sa pertinence et sa performance, l’EN3S et la direction des politiques sociales de la Caisse des Dépôts se sont associées depuis 2019 pour attribuer le « Grand Prix de la protection sociale ». Ce prix a vocation à mettre en lumière les ouvrages de référence parus durant l’année écoulée.

 

L’EN3S et la direction des retraites et de la solidarité de la Caisse des Dépôts s’appuient pour cela sur un jury de sélection réunissant des experts issus du monde de la protection sociale.

Les membres du jury de l’édition 2020 sont :

  • Dominique Libault, directeur général de l’EN3S, co-président du jury
  • Michel Yahiel, directeur des retraites et de la solidarité de la Caisse des Dépôts, co-président du jury
  • Dominique Polton, conseillère scientifique de l’EN3S
  • Marine Boisson Cohen, conseillère scientifique de l’EN3S
  • Julien Damon, conseiller scientifique de l’EN3S
  • Jacques Le Cacheux, Président du Conseil d’orientation scientifique de l’EN3S
  • Bertrand Fragonard, Président délégué du HCFEA
  • Pierre Louis Bras, Président du COR

Réuni en visio-conférence le 6 janvier 2021 pour désigner les ouvrages lauréats de l’édition 2020, le jury a attribué deux Prix.

Mercredi 3 mars 2021, de 17H à 18H30, s’est déroulée la cérémonie de remise des prix, sous forme de webinaire en présence de Michel Yahiel, directeur des retraites et de la solidarité de la Caisse des Dépôts, de Dominique Libault, Directeur général de l’EN3S, des membres du jury et des auteurs primés.

 

Replay de la cérémonie :

 

Prix recherche 2020

Frédéric Viguier, La Cause des pauvres en France, Les Presses de Sciences Po, juin 2020.  

Frédéric Viguier retrace dans cet ouvrage l’histoire de la cause des pauvres depuis 1945, combat qui s’est souvent soldé par des victoires à la Pyrrhus face aux représentants des hautes sphères de l’État social et à leur conception d’une bonne action publique.

La lutte contre la pauvreté connaît une transformation majeure depuis la fin du XXe siècle. Longtemps au cœur d’une politique sociale inclusive, « les pauvres » sont désormais une catégorie d’individus qu’une administration tatillonne stigmatise, tout en leur dispensant d’insuffisantes prestations. Comment est-on passé d’un idéal d’insertion sociale à l’injonction de traverser la rue pour trouver un emploi ?

Pour comprendre cette évolution, Frédéric Viguier retrace l’histoire de la cause des pauvres depuis 1945. Il décrit notamment le travail mené par des associations comme ATD Quart Monde ou la Fédération des acteurs de la solidarité dans les campements et les cités de transit de l’après-guerre et la façon dont elles ont, au fil des ans, porté cette cause sur les scènes administratives, politiques, médiatiques et scientifiques. Un combat qui s’est souvent soldé par des victoires à la Pyrrhus face aux représentants des hautes sphères de l’État social et à leur conception d’une bonne action publique.

Frédéric Viguier est sociologue. Il enseigne à l’Institute of French Studies de New York University.

 

Prix Grand Public 2020

Clément Boxebeld et Julia Mourri, Oldyssey – Un tour du monde de la vieillesse, éditions du Seuil, octobre 2019.  

La transition démographique est un phénomène mondial sans précédent, mais la vieillesse reste entourée de représentations négatives. Inspirés par leurs grands-parents, Julia Mourri et Clément Boxebeld ont voulu offrir un regard neuf sur les vieux. Ils ont lancé Oldyssey, un projet média qui donne la parole aux aînés partout dans le monde et montre des initiatives qui rapprochent les générations.

De page en page, de pays en pays, ils partent à la rencontre de mamies footballeuses en Afrique du Sud ; d’un restaurant hongkongais qui n’emploie que des seniors ; de grands-mères sénégalaises en lutte contre les mariages forcés et l’excision ; de retraités belges qui aident les jeunes migrants à trouver un emploi ; de groupes d’entraide entre personnes âgées dans le sud de l’Inde; d’une maison partagée au Japon où se croisent vieux atteints de maladies neurodégénératives et adolescents au parcours difficile ; mais aussi de Betty, 96 ans, plus vieille Park ranger des Etats-Unis ; de Lin Shu Hui, paysan chinois de 86 ans ; et bien d’autres.

Ils invitent à comprendre ce qui se fait ailleurs pour remettre en question nos dogmes, repenser le rôle des vieux et les valoriser comme moteurs du changement, aux côtés des autres générations.

Avant même d’avoir 30 ans, les auteurs se sont demandé : comment vieillit-on ailleurs, dans d’autres pays ? Quittant leur travail — journaliste pour l’une, consultant pour l’autre —, ils se sont lancés dans une année de voyage à la rencontre des vieux. Sur leur route, ils ont découvert des dizaines de lieux, d’expérimentations et de méthodes qui méritent d’être répliqués. Et ils ont voulu partager ces « trésors » avec le plus grand nombre.

 

Julia Mourri et Clément Boxebeld : Avant même d’avoir 30 ans, les auteurs se sont demandé : comment vieillit-on ailleurs, dans d’autres pays ? Quittant leur travail — journaliste pour l’une, consultant pour l’autre —, ils se sont lancés dans une année de voyage à la rencontre des vieux. Sur leur route, ils ont découvert des dizaines de lieux, d’expérimentations et de méthodes qui méritent d’être répliqués. Et ils ont voulu partager ces « trésors » avec le plus grand nombre.

Cette année, six ouvrages sont en sélection pour le Prix.

 

Découvrez les 4 autres ouvrages qui composaient la sélection du jury pour le Grand Prix 2020

Laëtitia VitaudDu labeur à l’ouvrage, éditions Calmann-Lévy, septembre 2019.

Le monde du travail que nous a légué le xxe siècle est en crise. Pendant près d’un siècle, il s’est organisé autour d’un contrat par lequel l’employeur garantissait un salaire, une relative sécurité de l’emploi et un statut social au travailleur. En échange, ce dernier consentait à une certaine forme d’aliénation. C’était le monde du labeur. Aujourd’hui, cependant, ce monde se désagrège : les salaires stagnent, les parcours professionnels deviennent chaotiques et l’on s’y ennuie de plus en plus.
Heureusement, un nouveau monde est en train d’émerger, celui de l’ouvrage. On y réinvestit les valeurs longtemps négligées de l’artisanat : indépendance du travailleur, maîtrise de son temps et de ses tâches, attention aux besoins de l’utilisateur final… et incertitude quant à l’avenir. On y voit apparaître de nouvelles manières d’être au travail. On y réévalue les métiers naguère méprisés du quotidien, bouleversant les hiérarchies et interrogeant les assignations traditionnelles de genre.
Laëtitia Vitaud resitue cette transition du labeur à l’ouvrage dans l’histoire, la décrit avec précision, chiffres à l’appui, et propose des pistes pour adapter le droit du travail, le management et les systèmes de protection sociale.

 

Laëtitia Vitaud est agrégée d’anglais et diplômée d’HEC. Depuis 2015, elle développe une activité de recherche et de conseil auprès de grandes entreprises autour des thèmes du futur du travail et de la consommation. Elle est rédactrice en chef du média « entreprises » de la société Welcome to the Jungle. Laëtitia Vitaud vit et travaille à Londres.

 

André Grimaldi, Frédéric PierruSanté : Urgence, éditions Odile Jacob, mai 2020.

Crise des Urgences, crise de la psychiatrie, crise de l’hôpital public, manque de médecins traitants… Notre santé va mal.
Pourrons-nous tous être soignés demain ? Avec quelle qualité de soins ? Et à quel prix ? Pouvons-nous encore sauver notre système de santé ?
Vingt-huit experts et professionnels de la santé, médecins, infirmiers, patients, sociologues, politistes, économistes, géographes posent un diagnostic global et demandent une révolution en profondeur de notre système : partager autrement le travail entre l’hôpital et la médecine de ville, et en finir avec l’hôpital-entreprise. Construire des communautés de soignants – médecins, infirmiers, paramédicaux –, faire des patients de véritables partenaires, remettre la prévention au centre, répartir les moyens sur l’ensemble du territoire…
Il est temps de sauver notre santé. Une vision adaptée aux défis du XXIe siècle. Un projet concret pour refonder l’hôpital, les Urgences, la médecine de ville et la recherche.

 

André Grimaldi est professeur émérite de diabétologie, CHU Pitié-Salpêtrière, Sorbonne Université. Il est coauteur de La Vérité sur vos médicaments, des Maladies chroniques. Vers la troisième médecine et du Manifeste pour une santé égalitaire et solidaire.
Frédéric Pierru est sociologue, politiste, chercheur au CNRS-Ceraps-Lille-II. Il est coauteur des Maladies chroniques. Vers la troisième médecine et du Manifeste pour une santé égalitaire et solidaire.
Avec Nacéra Benchérif, François Buton, Valérie Chigot, Claire Delage, Pierre Delion, Mady Denantes, Brigitte Dormont, Hector Falcoff, Éric Favereau, Alain Fischer, Anne Gervais, Nathalie Godard, Richard Lopez, Nicolas Martin, Didier Ménard, Arnold Munnich, Israël Nisand, Thomas Papo, Ariane Pommery, Marion Quach-Hong, Gérard Raymond, Michel Rosenblatt, Alfred Spira, Didier Tabuteau, Jean-Paul Vernant, Emmanuel Vigneron.

 

 

Marie-Anne Montchamp, Tout citoyen est une personne, éditions Ramsay, août 2020.  

Affirmer que tout citoyen est une personne semble purement tautologique et pourtant… Quand le Comité Consultatif national d’éthique nous révèle frontalement ce que nous ne pouvions ignorer, en France nous reléguons nos personnes âgées, n’est-il pas temps de se ressaisir ? Or, dans nos vies quotidiennes, le grand-parent, même s’il est désorienté, a d’abord un nom, une histoire, un sourire qui le lie à ses proches, à ses voisins.
Il est lui-même. Mais dans un couloir aux urgences de l’hôpital, dans la chambre d’un EHPAD ou même plus simplement devant un guichet administratif, le citoyen auquel on a ouvert des droits, l’usager, le patient certes citoyen, est-il encore vraiment une personne ? C’est là un autre des enseignements de la crise Covid-19. De l’éloignement des lieux de prise de décision naît un ressentiment tenace…
Cette distance indicible et redoutable nous pousse au doute et à la colère… Nous avons pourtant cru sérieusement et sans état d’âme que le traitement collectif de questions strictement individuelles pouvait tenir lieu de réponse aux attentes sociales. Tout citoyen est une personne, unique, irremplaçable, non substituable, avec ses aspirations, ses choix, ses préférences auxquelles l’ubérisation peut donner l’illusion de répondre, à faible coût et en créant de nouvelles fractures au sein du corps social.
Le hasard de la crise et de ses conséquences nous pousse à l’action. Nous venons de nous doter d’une 5e branche de protection sociale Autonomie. C’est une chance historique de transformation de notre système de protection sociale, pour faire de lui un modèle tout à la fois solidaire et personnaliste, ouvert à tous, quels que soient l’âge, les fragilités ou les accidents qui marquent une vie… Cette chance, saisissons-la, maintenant ! L’auteure, par sa connaissance de notre système de protection sociale, par son expérience politique et son engagement militant, propose de revisiter les causes de nos fractures sociales, d’explorer de nouvelles voies de réforme et d’investir dans la transformation de l’action publique.

 

Marie-Anne Montchamp : Femme politique, engagée pour la cause des plus fragiles, elle est une experte de la protection sociale. Députée à la commission des finances, secrétaire d’Etat en charge de la politique du handicap sous la présidence de Jacques Chirac puis de la cohésion sociale sous celle de Nicolas Sarkozy. Sur proposition d’Emmanuel Macron, elle a été élue en 2017 présidente du conseil de la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie qui fête ses quinze ans d’existence.

 

Martin Hirsch, L’énigme du nénuphar, Stock, août 2020. 

Ce sont des mots confiés d’un souffle au dictaphone chaque soir, comme un ultime effort après une journée folle. Ce sont des messages d’encouragement adressés chaque matin à ceux-là même que les Français applaudissent à 20 heures. Pour que ces moments ne tombent pas dans l’oubli. Pour qu’il reste une trace. Pour que cela ne soit pas ceux qui étaient loin de l’action qui inventent leurs propres récits, vus de l’extérieur. Pour que les leçons soient tirées. Pour que tout ne redevienne pas comme avant. D’habitude, dans chaque crise, il y a toujours quelqu’un pour dire ce que cela lui rappelle. Là, même les plus expérimentés confiaient que cela ne leur rappelait rien, ni en France, ni ailleurs. Du jamais vu.

 

Martin Hirsch, qui dirige l’AP-HP depuis sept ans, a vécu cette crise aux avant-postes. Il a choisi de restituer brut ce qu’il a ressenti, ce qu’il a affronté, ce qu’il a vécu avec tous ceux qui étaient au front. Ces moments où il faut appeler à l’aide, quand on ne sait pas si cela tiendra plus de trois jours. L’instant où il n’y a plus de place disponible pour un malade grave. Cet état d’esprit de solidarité où chacun s’étonne de pouvoir réaliser ensemble ce qui semblait impossible la veille. Il a souhaité aussi rapidement partager les premiers enseignements de cette crise sanitaire, intervenue après un an de tensions fortes, de grèves et de démissions : les enseignements pour l’hôpital, pour le système de santé, et plus généralement pour une société, qui doit s’engager davantage si elle ne veut pas subir.

 

Les présentations des ouvrages et des auteurs ci-dessus sont issues des communications des éditeurs.