15 mars 2019

Le régime agricole en 2019 : rencontre avec François-Emmanuel Blanc, directeur général de la CCMSA

Récemment nommé à la direction générale de la caisse centrale de la MSA, François-Emmanuel Blanc a accepté de revenir pour nous sur l’actualité du régime agricole. Il nous présente plus particulièrement les grands projets de 2019 et la collaboration entre l’EN3S et le régime agricole.

 

Vous venez d’arriver à la tête de la MSA, quels sont les grands projets et chantiers qui vous attendent dans les prochains mois ?

Tout d’abord bien sûr, assurer la mise en œuvre des réformes qui touchent la protection sociale dans son ensemble : prélèvement à la source ; DSN sur le recouvrement ; contemporanéité des allocations logement sur la branche famille ; préparation de la réforme des retraites ; mise en œuvre de la transformation du système de santé. Gérer la retraite, la famille, la santé et le recouvrement nous donne logiquement un agenda extrêmement chargé en cette période de réformes gouvernementales intenses.

Au-delà d’une vigilance extrême sur ces chantiers déjà engagés, c’est bien sûr la prise de contact avec l’ensemble des caisses, des élus ; c’est la contribution à notre plan stratégique à horizon 2025 intitulé « MSA 2025 » dont le processus de consultation est prévu pour s’achever lors de notre Assemblée générale du mois de juin. C’est aussi déjà la préparation de nos élections qui donneront lieu à une intense communication institutionnelle et la consolidation de notre rôle d’acteur de service public, référence de la protection sociale pour les territoires, en coopération avec toutes les branches du régime général.

La MSA a fait du numérique un axe important dans l’organisation de son activité notamment avec le déploiement du portail mesdroitssociaux.gouv.fr et plus globalement dans l’offre de service proposée à vos usagers. En quoi le numérique peut être une solution pour maintenir un lien de service avec les populations rurales ?

Le numérique est aujourd’hui indispensable et c’est un service « plus » incontournable. Nous y sommes très favorables, mais pour nous, numérisation ne doit surtout pas dire déshumanisation. Le lien de service avec les populations rurales passe aussi par le maintien d’une présence physique directe, par l’intermédiaire de nos accueils, mais aussi par le développement de capacité en ingénierie de projets : accompagnement des projets de CPTS et appui aux liens ville/hôpitaux locaux, accompagnement contrats territoriaux enfance, famille ; prévention pour les sujets âgés ; prévention AT et médecine du travail ; offre de service supplémentaire : insertion, micro-crèches, MARPA, MEP, aide à domicile, Présence Verte, MSAP.

On parle souvent de fracture numérique, est-ce une réalité dans le monde rural ?

Oui, bien sûr. A deux titres : tout d’abord la fracture sociale numérique. Nous en avons notre part et nous luttons par des initiatives d’inclusion. En second lieu, la fracture territoriale, tenant aux zones blanches. Nous appelons de nos vœux bien sûr la poursuite de la mise en œuvre des nouvelles infrastructures de communication indispensables aux territoires.

L’Ecole, au travers de ses formations, permet aux cadres dirigeants de la protection sociale d’accéder à un espace d’échanges inter-régimes et interbranches. La MSA a la particularité d’être un « guichet unique » au sein de l’univers Sécurité sociale. En quoi la transversalité et le décloisonnement sont aujourd’hui nécessaires pour les professionnels de l’institution ?

Si vous parlez des échanges de pratiques entre professionnels et dirigeants de contextes différents au sein de la protection sociale, mais aussi de l’administration publique et des services privés, nous savons tous que ces échanges sont extrêmement fructueux. Le parangonnage est un outil précieux pour l’enrichissement de nos pratiques : en ce sens les échanges avec les autres secteurs de la protection sociale sont un accélérateur du changement.

S’agissant de notre modèle, la transversalité et le décloisonnement sont plus qu’indispensables, ils sont inscrits dans les gènes de la MSA.

Le service global à la personne tout au long de la vie, attribut du guichet unique, fait de nous le partenaire permanent de nos adhérents. En matière de protection sociale aussi le tout (le service global) étant plus que la somme des parties (le service retraite, le service famille, le service santé, le service recouvrement), nous contribuons à faire émerger une identité spécifique. Celle d’un service public de référence du monde rural, outil et fabrique de la cohésion sociale et territoriale, dont notre société a tellement besoin.

La transversalité et le décloisonnement sont enfin indispensables à nos directeurs au plan managérial : gérer les interfaces multiples d’une MSA (OPA, élus, représentants de l’Etat et des politiques publiques) impose un management à 360 degrés, systémique, agile et coopératif.

L’EN3S entretient une relation privilégiée avec la MSA en matière de formation professionnelle de ses cadres et dirigeants. Qu’est-ce que cette collaboration apporte au réseau de la MSA ?

Tout d’abord une formation de qualité ! J’ai pu en apprécier le haut niveau dans toutes mes expériences professionnelles : côté Etat comme côté privé. Le niveau d’excellence que l’Ecole confère nous permet en MSA de bénéficier de générations successives de cadres dirigeants performants ; qui se retrouvent totalement à l’aise dans nos valeurs.

Nous ne pouvons que nous en féliciter et conscients de cette chance, nous déployons pour notre vivier un accompagnement personnalisé avec des débouchés et des expériences très stimulantes, mobilisatrices et à la hauteur de leurs envies et potentiels.

Comment imaginez-vous l’évolution de cette relation ?

Tout d’abord continuer de veiller par notre présence active dans les diverses instances de l’Ecole au maintien de l’enseignement des valeurs caractéristiques sont nécessaires à notre réseau. En second lieu, renforcer notre contribution du terrain de stages de formations et de compagnonnage. Augmenter les débouchés que nous proposons. Enfin, plus travailler avec les autres branches à l’entretien de nos viviers respectifs et à favoriser la mobilité entre eux !