30 août 2019
Trophées de l’innovation 2019 : une semaine sous le signe de la créativité
Les élèves de la formation initiale « dirigeant d’un organisme de protection sociale » ont repris le chemin de la scolarité avec « les trophées de l’innovation », traditionnelle semaine de la créativité organisée au retour des congés d’été. Un travail d’équipe en mode projet, sous contrainte de moyens et de temps pour relever un défi : proposer un prototypage et/ou une scénarisation de solutions innovantes dans le champ de la protection sociale.
Accompagnés par des professionnels de l’innovation et de la créativité, les huit groupes d’élèves ont répondu à des commandes sur le thème de la promotion et de la pédagogie de la Sécurité sociale.
Rencontre avec Esther Valencic (chargée de projet pour la civic tech Voxe), Claire Vitoux (designer de services), Rebecca Lacombe et Jérémy Baret (élèves de la 58ème promotion de l’EN3S) pour faire le point sur cette semaine.
Pouvez-vous rapidement présenter votre rôle sur cette semaine ?
Esther Valencic : Lors de cette semaine, nous avons eu le plaisir (avec ma collègue de Voxe, Dorothée Keime) d’accompagner des groupes d’élèves de l’EN3S sur la conception et la production de leur livrable pour les trophées de l’innovation. Notre rôle consistait à les amener à se poser les bonnes questions pour rendre leur livrable adapté dans le fond et la forme au public ciblé. J’étais aussi là pour les « challenger » sur leurs propositions afin qu’ils s’assurent de bien les faire en conscience. Je crois que la phrase que j’ai le plus répétée cette semaine, c’était : « N’ayez pas peur de faire des choix dans votre production, c’est même sain d’en faire à mon sens, tant que vous êtes capables de les assumer et de les justifier ».
Claire Vitoux : L’idée était surtout d’apporter un regard extérieur et critique sur leur projet, de pousser les étudiants à toujours améliorer leurs propositions pour qu’elles soient les plus adaptées autant du point de vue de l’objectif poursuivi que du public auquel elles s’adressent.
Sur quel type de projet les avez-vous accompagnés ?
Esther Valencic : J’ai accompagné ces groupes sur trois projets très différents :
- Un podcast pour apporter du contexte sur les inégalités hommes/femmes aux jeunes des classes participant au concours « Les jeunes et la Sécu » afin de les inciter à formuler des pistes de solution pour les résorber grâce à la protection sociale ;
- Une vidéo pour permettre aux élèves des classes participant aussi au concours « Les jeunes et la Sécu » de se demander quels acteurs de la solidarité ils pourraient incarner, à travers la découverte des liens qu’entretient chaque membre d’une famille avec la protection sociale ;
- Un kit à destination des caisses pour mobiliser les jeunes de 16 à 25 ans afin qu’ils deviennent « influenceurs » de la Sécu en adoptant le langage qui est le leur.
Claire Vitoux : L’ensemble des groupes que j’ai accompagné travaillait sur l’organisation d’ateliers pour l’événement « Une journée avec la Sécu ». L’objectif commun de l’ensemble des groupes était d’imaginer des dispositifs ludiques et pédagogiques qui permettent aux lycéens présents sur l’événement d’appréhender des concepts liés à la Sécurité sociale comme les valeurs de solidarité, les agrégats de la retraite ou encore l’affiliation des jeunes. Tous les groupes ont développé des jeux sous différentes formes (jeu de plateau, roue de la fortune, quizz géant…) pour introduire des notions complexes.
Quel est l’intérêt selon vous que des futurs dirigeants de la protection sociale travaillent sur des produits opérationnels innovants ?
Rebecca Lacombe : Construire des produits innovants dans un temps limité nous projette dans ce que sera la conduite de projet, demain, lorsque l’on sera en poste au sein d’un organisme de Sécurité sociale. Les idées sont souvent foisonnantes mais l’essentiel est d’être réaliste (ancré dans l’environnement contraint des organismes), concret, imaginatif et convaincant.
Les trophées nous donnent l’occasion d’expérimenter toutes les étapes d’un projet : de la conception théorique jusqu’à un prototype final de produit, en collectif. C’est aussi un exercice enrichissant durant lequel nous confrontons nos opinions en vue d’obtenir le produit le plus adapté possible.
Jérémy Baret : Je pense que l’intérêt est triple.
Premièrement, ces travaux permettent d’apprendre à travailler en équipe de manière différente. En effet, le projet sollicite énormément les compétences de chacun et requière une organisation qui puisse facilement s’adapter aux contraintes qui se dévoilent au fur et à mesure que le projet progresse.
Deuxième intérêt, il permet de comprendre le processus de développement de ce type de produits dits « opérationnels ». Pour un futur dirigeant, cette capacité d’évaluer l’investissement nécessaire permet autant de déterminer si oui ou non un tel projet vaut le « coût » que d’allouer, si cette réponse s’avère positive, les bonnes ressources au bon moment.
Enfin, ces travaux permettent de prendre la mesure de ce que peut être l’innovation en organisme. Ils bousculent certains mythes, en confirment d’autres. Leur plus grande force étant leur caractère opérationnel, immédiatement déployable, qui proscrit les propositions les moins réalistes.
Dans un monde que l’on présente comme façonné par la concurrence, reste alors en suspens la question de l’impératif catégorique qu’est aujourd’hui le souci d’innover.
En quoi est-ce important pour vous que les élèves de l’Ecole apprennent à développer des projets en lien avec des designers et des consultants ?
Claire Vitoux : Quel que soit le type de structure dans laquelle on travaille, on est systématiquement amené à mener des projets en interface avec des intervenants extérieurs. Souvent, il s’agit de gens qui exercent des métiers très différents du nôtre. Pour moi, il est essentiel de pouvoir dialoguer avec des personnes qui n’ont pas nécessairement le même langage ou la même vision du projet que nous. Il est donc important à la fois de savoir être à l’écoute et faire la synthèse des différentes entrées recueillies pour prendre des décisions.
Esther Valencic : Je dirais surtout que la grande force de cette semaine me semble être de travailler très concrètement et de façon collective sur un projet du début à la fin, en se confrontant à la réalisation directe de leurs idées. J’ai pu observer une certaine excitation chez les élèves à voir très rapidement le résultat de leur réflexion se matérialiser (sous forme de podcast, vidéo, etc.) grâce à leur travail. C’est ce que je fais au quotidien chez Voxe et c’est très gratifiant, je trouve, de voir son idée devenir matière. Mais au-delà de ce travail d’alchimiste, les élèves ont pu approcher la recherche du juste ton pour parler à un public jeune en revisitant le langage institutionnel avec créativité et pourquoi pas même… innovation !