20 décembre 2019
Retour sur la prise de fonction de Rodolphe Dumoulin haut commissaire à la lutte contre la pauvreté
Le 10 juillet dernier, dix-huit hauts-commissaires chargés de la mise en œuvre et du suivi de la stratégie nationale de prévention et de lutte contre la pauvreté ont été nommés. Ils sont issus d’horizons divers avec toujours une expertise de terrain, une diversité des fonctions et des métiers occupés, des responsabilités de premier plan dans le champ des politiques de solidarité.
Parmi eux, Rodolphe Dumoulin, agent de direction de la Sécurité sociale issu de la 38ème promotion de l’EN3S. En poste depuis l’automne, il a accepté de revenir sur la feuille de route que lui a été confiée.
Les dix huit hauts-commissaires ont reçu une lettre de mission rédigée conjointement par leur préfet de région et Olivier Noblecourt, Délégué interministériel à la prévention et à la lutte contre la pauvreté. Pouvez-vous nous préciser le sens et le périmètre de la mission qui vous a été confiée ?
Je suis chargé de piloter la mise en oeuvre de la stratégie de prévention et de lutte contre la pauvreté dans les Hauts-de-france. Cela implique une fonction de coordination interne aux services de l’Etat pour ce qui relève encore de l’Etat sur le plan opérationnel, mais l’Etat exerce avant tout une fonction de garant en matière de prévention et de lutte contre la pauvreté, où l’essentiel des leviers opérationnels ont été décentralisés ou délégués à des opérateurs. Il s’agit donc pour l’essentiel de créer les conditions de la mobilisation des acteurs de terrain et de la bonne coopération entre chacun, en impliquant non seulement les institutions mais aussi les associations, les entreprises et les citoyens eux-mêmes. En un mot, il s’agit bien d’une stratégie de mobilisation par le terrain et non d’un plan descendant.
Quel lien avez-vous pu établir avec les organismes de Sécurité sociale de votre territoire ? Comment les inscrivez-vous dans votre action globale de prévention et de lutte contre la pauvreté ?
Les organismes de Sécurité sociale occupent évidemment une place centrale dans l’animation régionale de la stratégie pauvreté. Les Caf pilotent non seulement les travaux en matière de petite enfance, d’animation de la vie sociale et de soutien à la parentalité, qui constituent l’essentiel du volet prévention de la stratégie, mais elles animent également les travaux en cours sur l’accès aux droits, qui constitue un pilier de l’effectivité de la stratégie. Les Cpam sont en première ligne sur le volet santé, et les MSA ont vocation à piloter les travaux plus spécifiques sur la pauvreté en milieu rural. Les organismes de sécurité sociale sont donc incontournables, non seulement en tant qu’acteurs de terrain, mais aussi parce que leur gouvernance leur confère une légitimité propre à intervenir sur le champ de la lutte contre la pauvreté. L’action sociale des caisses devient plus que jamais un instrument d’investissement social, et la sécurité sociale contribue ainsi à une universalité « réelle » qui implique de faire plus pour ceux qui ont moins.
En quoi votre formation initiale, notamment au sein de l’EN3S, et votre parcours professionnel sont un plus pour votre mission ?
J’ai commencé ma carrière dans les organismes de Sécurité sociale de cette région, et je retrouve donc avec plaisir des terrains connus. Cela fait incontestablement gagner du temps dans la compréhension de la contribution qui peut être celle de ces organismes. Je mesure aussi de l’intérieur de l’Etat combien ces organismes sont parfois insuffisamment connus de certains services de l’Etat. J’essaye donc de contribuer à ce que chacun se comprenne mieux, et accepte de sortir de son propre couloir, et le fait d’avoir travaillé autant en caisse qu’en collectivité ou à l’Etat, peut aider. L’EN3S peut et doit devenir selon moi la grande école des managers du social, principalement pour la sécurité sociale, mais aussi pour les collectivités et l’Etat lui-même.