27 février 2020

« Dynamiser sa posture d’animateur », première journée thématique dédiée à la communauté des intervenants de l’EN3S

L’École ne dispose pas de corps enseignant, tant pour ses formations initiale que continue. La diversité des origines professionnelles et géographiques des intervenants garantie une complémentarité de leurs compétences, de leurs approches et de leurs expériences de terrain. Chaque année, près de 1000 intervenants issus du monde de la protection sociale, du champ universitaire ou scientifique se succèdent dans l’amphithéâtre et les salles de formation de l’École. Cette communauté contribue à faire de l’EN3S une école d’application.

Attachée à entretenir des relations privilégiées avec ses formateurs, l’EN3S propose désormais des journées thématiques sur les pratiques d’animation de formation. Découverte et expérimentation de nouvelles méthodes pédagogiques, acculturation de nouveaux outils, ces journées permettent de tester et s’approprier des approches innovantes en matière de formation.

Pierre Morize, formateur en communication, management et développement personnel, animateur de cette première journée revient sur l’intérêt d’une telle expérience pour des formateurs occasionnels.

Initier des formateurs à l’innovation pédagogique implique d’innover soi-même lors de cette intervention… Quels principes ont guidé votre animation au fil de cette journée ?

Ce que j’ai aimé dans cette journée, c’est l’idée de partager en toute simplicité, certaines techniques d’animation. L’objectif, est d’aborder la pédagogie de façon différente, en amenant le stagiaire à faire une bonne partie du chemin et de sortir de la posture du sachant qui déroule son expertise ou son regard d’une façon descendante.

J’ai pris du plaisir à faciliter les échanges, sur les réussites et les difficultés, puis à formaliser des apports : pédagogie inversée, process d’intéraction en grand groupe, l’importance des temps de réflexion individuelle, exigence et précision des fils conducteurs…

Ce type d’animation, invite à acquérir des éléments de postures et le célèbre accusé réception. En effet, animer d’une façon interactive, exige de monter en compétence sur notre capacité à accueillir et rebondir sur les objections et les remarques embarrassantes. Nous avons aussi travaillé, et vécu sur la force du contenu et de la congruence.

Thibaut L’Hermitte, sous-directeur gestion du risque et lutte contre la fraude à la Cpam de la Sarthe et Amélie Decker, directrice de mission au programme 2 CALIPSO téléservices aux professionnels de santé à la Caisse nationale de l’assurance maladie, partagent leurs impressions à l’issue de cette première journée destinée à la communauté d’intervenants.

L’apprentissage des nouvelles modalités pédagogiques comporte une dimension théorique. La formation vous a-t-elle permis de faire le lien avec vos propres expériences d’enseignement ? Vous êtes-vous approprié de nouvelles approches opérationnelles pour vos futures interventions ?

Thibaut L’Hermitte : Cette formation m’a permis de réviser mes gammes concernant les techniques que je suis amené à employer, en tant qu’animateur d’une journée de formation à l’EN3S, et au quotidien dans le cadre de mes fonctions de direction. Durant cette journée, nous avons passé en revue plusieurs techniques, certaines déjà connues, d’autres connues mais peu utilisées : cela nous a permis d’enrichir notre « boite à outils » d’intervenant.

Nous avons également pris le temps d’analyser les résultats produits par ces techniques, ce qui est finalement assez rare en formation. Cette alternance entre rappels théoriques, mises en pratique et prise immédiate de recul sur l’exercice testé et l’effet produit, m’a permis de renouveler mon regard sur leur intérêt.

Ce format m’a effectivement permis de tester des approches que je compte utiliser, en posture de formateur, tout comme en animation dans le cadre de mes fonctions.

Amélie Decker : Effectivement, nous avons eu l’occasion durant cette journée de revoir en pratique certains fondamentaux de l’animation (l’accueil des participants, les demandes, les attentes, les règles, les réponses aux objections, etc.), et cela a permis notamment de conforter la conviction que j’avais sur le fait qu’il est absolument nécessaire de mettre les stagiaires en mouvement pour que la formation soit bien vécue. Cela m’a permis aussi de tester des méthodes plus participatives que je n’osais pas utiliser dans le cadre des formations auxquelles je participe et qui sont très théoriques : le travail en groupe avec Pierre Morize m’a permis d’explorer des pistes pour rendre ce type de formation plus vivante et plus dynamique.

Avez-vous le sentiment que cette journée va faire évoluer votre posture d’intervenant ?

Amélie Decker : Oui, cela a été une journée très riche car elle a permis de tester grandeur nature certains dispositifs et de prendre conscience que la forme est aussi importante que le fond. L’objectif d’une formation c’est de faire passer des messages, une vision. Ces informations infusent mieux si elles sont le fruit d’une action du participant, et pas juste un cour magistral entendu d’une oreille parfois distraite. Cela m’a surtout convaincue qu’au delà de préparer ses interventions en amont, il faut penser les méthodes utilisées avec les stagiaires.

Thibaut L’Hermitte : Nous avons passé un temps important à travailler sur les techniques de réponses à objections, de façon très opérationnelle : j’ai pu prendre conscience de certaines postures instinctives, dont il faut à la fois savoir jouer et se méfier.

Intervenant prochainement à l’EN3S à l’occasion d’une journée d’enseignement, je compte bien tester certaines techniques vues lors de cette journée de formation.

Les innovations vues en formation peuvent-elles enrichir vos pratiques professionnelles quotidiennes, au-delà du champ de l’animation de formation ?

Thibaut L’Hermitte : Tout à fait, et c’est un des plus de cette formation. Nos fonctions de direction nous conduisent à animer au quotidien : groupes de travail, instances de gouvernance, actions partenariales… Nous « piochons » régulièrement dans un arsenal de pratiques qui font appel à la pédagogie passée en revue lors de cette journée de formation. Nul doute qu’elle me sera bénéfique au-delà du champ de formation.

Enfin, la composition du groupe était très riche, avec des profils et des expériences diversifiées, venant de toutes les branches et de différents corps de métiers de la Sécurité Sociale : ce partage d’expériences a contribué à rendre la journée intéressante.

Amélie Decker : Cela a été un des points forts de la formation, car nous avons pu discuter des problématiques d’animation que nous rencontrons dans des groupes de travail, en conduite de projet ou au quotidien dans un codir par exemple. Beaucoup de méthodes sont transposables et permettent de donner un nouveau souffle à nos pratiques quotidiennes :  il faut essayer de nouvelles choses pour faire grandir nos pratiques.

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