3 mai 2021

Concours EN3S : Interview de Vincent Charazac, docteur en psychologie et membre du jury

 

Depuis 2020, l’EN3S compte parmi les membres du jury de sélection des candidats au concours d’entrée « Dirigeant d’un organisme de protection sociale » un psychologue d’entreprise. Vincent Charazac, docteur en psychologie, nous en dit un peu plus sur son rôle et les attendus du jury.

Pourriez-vous nous expliquer quel est le rôle du psychologue au sein du jury ?

L’épreuve de conversation avec le jury est très spécifique puisqu’elle constitue la seule opportunité pour l’Ecole d’écouter et d’observer le candidat de visu, en relation avec d’autres interlocuteurs et sans qu’il ne soit question de mettre en valeur des connaissances universitaires. Cette séquence nous est donc très précieuse puisqu’elle nous apporte de nombreux éléments pour tenter de mieux comprendre qui est le candidat et surtout de mieux cerner son projet professionnel et sa cohérence avec la scolarité proposée par l’EN3S.

Mais cette épreuve est à la fois unique et très courte ! D’où la présence d’un psychologue dans le jury en complément des autres professionnels : les directeurs d’organisme apportent un regard professionnel sur le candidat, l’enseignant universitaire apprécie son  potentiel académique, et le psychologue va recueillir des informations sur la personnalité du candidat ; il va notamment écouter et observer les schémas de pensée, les traits de personnalité, les attitudes et les capacités relationnelles du postulant dans le contexte forcément déstabilisant d’un entretien de sélection. Je précise enfin que le psychologue n’interagit pas avec le candidat pendant l’épreuve, ce qui lui permet de se concentrer sur l’observation et l’écoute. Enfin, il s’implique dans ce jury dans le respect strict de son code de déontologie. Cela implique notamment qu’il s’interdit toute « interprétation sauvage » ; le silence qu’il observe durant la séquence lui permet aussi d’éviter de déstabiliser le candidat.

Comment se déroule l’épreuve de « conversation avec le jury » et quels attendus avez-vous des candidats ?

A travers cette épreuve, le jury cherche à apprécier le potentiel du candidat sur tous les plans que mobilise l’activité professionnelle : ses connaissances de la protection sociale, ses capacités managériales, ses qualités relationnelles (notamment dans des contextes déstabilisants), ses valeurs personnelles, etc. Dans un premier temps (de dix minutes), le candidat se présente librement. Puis les membres du jury l’interrogent ; l’épreuve étant courte, les questions s’enchainent très rapidement et le candidat doit y répondre dans le fil de l’échange; il s’agit donc bien d’une « conversation »… Bien évidemment, les questions posées par le jury ne sauraient relever d’une discrimination ni interroger l’intimité du candidat.

Le jury recherche chez chaque candidat un subtil et singulier mélange :

  • de préparation, de connaissance, de maîtrise et de structure d’une part ;
  • d’inventivité, d’intuition, de spontanéité et de naturel d’autre part.

Evidemment, c’est ce même alliage qui est attendu d’un manager et d’un cadre dirigeant dans le quotidien de nos organismes de protection sociale !

Cette épreuve est différente de celles qui examinent des connaissances « académiques », quels conseils de préparation donneriez-vous aux candidats qui vont, dans quelques mois, passer cet entretien ?

La conversation avec le jury relève d’abord d’une rencontre, pendant laquelle le candidat doit accepter certaines modalités pour que chaque « partie » (l’Ecole et le postulant) puisse vraiment apprécier si elles pourraient « continuer leur route ensemble ».

Il s’agit d’une rencontre à visée professionnelle ; l’Ecole a de fortes exigences, ce qui implique un oral dense, vif, déstabilisant et in fine souvent déroutant pour le candidat. Quand on postule à l’Ecole, je crois qu’il faut accepter cette forme de « tension » si on veut que le jury puisse percevoir son propre potentiel ; j’y vois une analogie avec les tests d’effort parfois pratiqués en médecine sportive !

Je ne donnerai pas davantage de conseil puisque la façon de préparer cette épreuve est forcément singulière : chacun va l’anticiper en fonction de son parcours, sa personnalité et ses désirs professionnels. En revanche, je déconseille aux candidats de forcer leur nature ou tenter de gommer certains aspects de leur parcours, leur personnalité ou leurs projets durant cette rencontre ; le jury aurait peu de mal à ressentir une telle dysharmonie, et le candidat ne serait pas à l’aise pendant la séquence.

Pour résumer, on prépare l’épreuve de conversation en se connaissant très bien (soi, son parcours et son projet) et en laissant le jury nous connaître le plus vite et le plus profondément possible… le temps d’une rencontre !

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