15 mai 2024
Rencontre avec Anne-Laure Torresin, nouvelle directrice de la CCMSA
Anne-Laure Torrésin occupe le poste de directrice générale de la Caisse Centrale de la Mutualité Sociale Agricole (CCMSA) depuis le 1er avril 2024. Diplômée de l’École Nationale Supérieure de Sécurité Sociale, elle partage avec nous les raisons de son choix de se tourner vers le régime agricole, et expose également les défis actuels et futurs auxquels l’organisme doit faire face. En outre, elle aborde sa position en tant que première femme à assumer la direction de la CCMSA, soulignant l’importance de cette étape et la fierté que cela représente.
Dès votre sortie de scolarité, vous avez opté pour le régime agricole, pourquoi avoir fait ce choix ?
Anne-Laure Torresin : Pour plusieurs raisons, des raisons de conviction et des raisons d’opportunité :
Par conviction, et aussi par curiosité au début, pour voir de plus près un régime social basé sur un guichet unique, au sens très large puisque la MSA gère toutes les prestations, les cotisations et le contrôle, mais aussi l’action sanitaire et sociale, la prévention des risques professionnels, la santé au travail, le contrôle médical. J’avais aussi envie de découvrir un régime dont la gouvernance, depuis l’origine, s’appuie sur un système électif. En MSA, les élus ont un rôle majeur, ils sont garants de la prise en compte des réalités de territoires et des besoins des populations.
Par opportunité également, puisqu’à ma sortie de l’EN3S, j’ai été retenue sur un très beau poste de responsable de département à la MSA de la Loire, qui m’a permis de concilier à la fois mon appétence pour le management et un souhait de rester proche de mon lieu de résidence de l’époque.
Quels sont les principaux enjeux auxquels la CCMSA est confrontée actuellement, et comment prévoyez-vous de les aborder dans votre nouveau rôle ?
Anne-Laure Torresin : Les enjeux sont nombreux au régime agricole comme dans l’ensemble de la sécurité sociale. En tant que relai des réformes portées par les pouvoirs publics, nous nous devons d’être au rendez-vous de leur mise en œuvre. Et pour la MSA, présente sur toutes les branches, elles sont nombreuses : solidarité à la source, réforme France Travail, réforme des retraites des non-salariés agricoles, …
Par ailleurs, dans le contexte actuel des mouvements agricoles, la MSA est pleinement mobilisée pour rendre concret l’objectif de simplification annoncé par les pouvoirs publics et attendu par les populations agricoles, notamment les exploitants.
Nous travaillons également en ce moment à l’élaboration de notre plan stratégique MSA 2030 qui définira nos orientations institutionnelles majeures (renforcement de notre offre de service, avec une offre globale et personnalisée, et de notre rôle sur les territoires).
Enfin, l’année prochaine, se tiendront les élections MSA, signe de la vitalité démocratique du régime et de l’attachement des adhérents à leur organisme de protection sociale.
Etant une ancienne élève de l’Ecole, pourriez-vous nous parler de votre scolarité à l’EN3S et en quoi celle-ci vous a préparé à occuper des fonctions de direction au sein d’un organisme comme la CCMSA ?
Anne-Laure Torresin : J’ai intégré l’école comme élève externe, après des études en sciences politiques. Sans aucune expérience professionnelle, en dehors de quelques petits boulots d’été, l’école m’a permis, à travers les stages notamment, de me préparer à mes futures fonctions. Pendant la scolarité, on se nourrit des expériences des autres : les interactions entre élèves internes et externes, les participations nombreuses d’intervenants institutionnels, … le tout dans une école à taille humaine !
Plus largement, les écoles de service public en France sont garantes de la qualité et de la professionnalisation des cadres supérieurs et dirigeants. Elles sont aussi un levier puissant de mobilité interne pour ceux qui souhaitent évoluer au sein du service public et de la sécurité sociale.
Vous êtes la première femme nommée directrice de la CCMSA. Qu’est-ce que cela représente pour vous ?
Anne-Laure Torresin : C’est une grande fierté ! Au moment de ma nomination, j’ai reçu beaucoup de messages, très touchants, de félicitations et de soutien. Ces messages parlaient du plafond de verre, de la compétence reconnue, d’inspiration, … Peut-être que cette nomination participera à lever certains freins qui existent encore, à se dire que « c’est possible » et qu’il ne faut pas se censurer ou s’autocensurer. Si cela apporte une (très) petite contribution à cette (très) grande cause, j’en serais honorée et ravie.
Pour paraphraser un discours qui a marqué l’histoire, je rêve qu’un jour la nomination d’une femme à un poste de responsabilité nationale devienne quelque chose d’ordinaire, un non-événement. Ça viendra, j’en suis convaincue !