24 mars 2021
Les Caisses de compensation familiale colombiennes, un modèle original de prestations familiales
Les Caisses de compensation familiale en Colombie sont des organismes privés, sans but lucratif, qui contribuent au développement de la protection sociale dans le pays. Elles travaillent principalement pour le bien-être de leurs affiliés, mais proposent également des services spécifiques pour la population la plus pauvre.
Camilo CASTAÑEDA, élève Colombien de la 26ème promotion du CESGOS, en charge des activités de planification et de pilotage de l’Unité de Développement Social (UDS) de Compensar, deuxième caisse de compensation familiale en nombre d’affiliés / bénéficiaires de la Colombie, nous présente les spécificités de ce système propre à la Colombie.
Avec une présence régionale, les 43 CCF (Caisses de compensation familiale) couvrent environ 20 millions de personnes (deux cinquièmes de la population) : les travailleurs et les indépendants cotisants et leurs ayants droit.
Sur la base du modèle français des allocations familiales, les CCF ont été créées en 1954 pour verser des allocations en espèces aux familles travailleurs des entreprises cotisantes, selon le nombre d’enfants. Au cours des années, et à la suite de différentes réformes, le champ d’action des caisses de compensation familiale s’est élargi progressivement. Elles offrent des programmes très variés pour le bien-être des familles affiliées mais s’ouvrent de plus en plus en faveur des populations en état de vulnérabilité ou de pauvreté.
En effet, en plus de l’offre des services sociaux et du versement des prestations en nature, les CCF proposent une gamme de services très large (programmes d’éducation, de loisirs, de sport, cantines scolaires, subventions pour acquérir un logement social, crédits sociaux…). Il est à noter en adition qu’elles peuvent posséder une participation sociétaire dans d’autres organismes sociaux, par exemple dans des établissements sanitaires ou scolaires.
Il convient également de souligner que chaque entreprise doit adhérer à l’une des caisses de la région où elle est basée et doit cotiser à hauteur de 4% de sa masse salariale. En fonction du type de service et du revenu du travailleur, classé en catégories, la prestation peut être offerte à titre gracieux ou bien elle est proposée sur la base d’un tarif subventionné.
Le tableau ci-dessous indique les différents services offerts à titre gracieux (4%) ou à tarif subventionné (tarifs) :
Les Caisses de compensation familiale évoluent dans un secteur de libre concurrence. Même si leur portée d’action est régionale, elles s’affrontent entre elles mais aussi avec des entreprises privées, ce qui a favorisé leurs efforts constants d’innovation et d’adaptation. On peut en effet constater qu’elles renforcent régulièrement la qualité des services rendus, créent des synergies avec d’autres entreprises pour travailler en partenariat et participent de manière significative aux débats politiques relatifs à la protection sociale.
Le gouvernement colombien a trouvé dans les CCF un levier d’action assez important. Les caisses peuvent rapidement adapter leurs niveaux de prestations, les transferts des fonds vers des services prioritaires et modifier les conditions d’attribution des prestations, par le biais des changements dans la législation. C’est en laissant aux caisses la responsabilité du service auprès de la population déclarée que le Gouvernement peut cibler ses efforts vers la population non déclarée, en garantissant pour tous un socle de protection sociale minimal.
Même si le rôle des Caisses de Compensation fait l’objet de nombreux débats, force est de constater qu’elles continuent à montrer leurs bons résultats en protection sociale. En effet, elles contribuent au développement de la protection sociale d’un point de vue économique et social mais elles jouent surtout un rôle crucial dans la construction d’une société plus juste, en améliorant la qualité de vie des travailleurs.