Impact des hotlines gériatriques sur les parcours de soins des personnes âgées susceptibles d’être hospitalisées
Contexte et présentation du rapport de recherche
Cette étude, initiée en 2017, a été menée dans le cadre du projet de chaire de santé des ainés dont est partie prenante l’EN3S, aux côtés du CHU de Saint-Etienne et de l’université Jean Monnet de Saint-Etienne. Elle a été pilotée par le CETAF (centre technique d’appui à la formation des centres d’examen de santé) et co-financée par l’EN3S et la Conférence des financeurs de la prévention de la perte d’autonomie (CFPPA) de la Loire.
En France, pour les médecins généralistes, les Services d’accueil d’urgence (SAU) restent le moyen le plus rapide et usuel pour répondre à la complexité de la prise en charge des patients âgés polypathologiques.
Cependant, en plus de l’engorgement observé, des études montrent que le passage par les SAU aurait des effets délétères potentiels sur la santé des patients âgés. Une meilleure coordination entre la médecine de ville et l’hôpital pourrait réduire les passages des personnes âgées au SAU et leur permettre un accès plus approprié aux soins. Dans ce but, les Agences régionales de santé (ARS) ont proposé la création de lignes téléphoniques directes (Hotlines) pour favoriser les interactions ville – hôpital en espérant réduire le nombre d’hospitalisations indues et pour trouver la meilleure solution pour améliorer les parcours de soins.
L’objectif général de cette étude était de savoir si l’accès à une hotline dédiée à des professionnels de santé améliore la prise en charge et la coordination du parcours de soins des personnes âgées fragiles. L’efficience du modèle économique de ce type d’outil était également questionnée.
Dans ce but, la recherche a analysé plusieurs hotlines de configurations différentes (CHU Saint-Etienne, CH Roanne, CH Firminy, CH Saint-Chamond, CHU Clermont-Ferrand, CHU Lyon-Sud, CHU Reims, CHU Angers, CHU Bordeaux).
A l’issue de cette recherche, sur la base d’une analyse médico-économique qui formalise leurs apports, il apparait que les Hotlines permettent effectivement de temporiser le recours aux urgences et d’améliorer le parcours et la prise en charge des personnes âgées. Le rapport coût/efficacité de ce dispositif semble incontestable, malgré les différences d’organisation selon les sites. Lorsqu’elles existent, elles sont plébiscitées par les médecins généralistes comme un moyen « effectif d’amélioration de leurs pratiques quotidiennes ».
Il semblerait enfin qu’elles aient pu s’adapter lors de la crise de la Covid-19 en continuant de favoriser le lien entre la médecine de ville et l’hôpital, tout en développant un axe spécifique vers les Ehpad. De fait, leur existence est bien plus connue, leur usage a été très développé, et leur maintien, au-delà de la crise sanitaire, est largement souhaité par les professionnels selon les chercheurs.
Au final, les hotlines rendent compte d’un nouveau type d’organisation du travail de l’ensemble des professionnels. Elles s’adaptent aux dynamiques locales et professionnelles et renforcent le partenariat et les expertises de chacun des acteurs. Le contexte épidémique, à caractère exceptionnel, a finalement constitué une chance pour l’implantation et l’acculturation aux hotlines : la crise a grandement favorisé l’acceptabilité du changement de pratique par les professionnels de santé concernés en renforçant leur perméabilité à cette nouvelle potentialité
Synthèse et rapport d’analyse :