12 novembre 2024
De quelques enseignements de la journée d’étude APS « IA et protection sociale : qu’en attendre ? »
L’IA comme menaces et comme opportunités
En ouverture de la journée, Maurice N’Diaye, CEO de Descartes&Mauss a resitué l’IAG dans la grande chaîne de révolutions technologiques et mis en avant son caractère encore plus disruptif que d’autres ruptures technologiques telles que l’électricité ou même l’internet. Entre risques et opportunités, il a rappelé les principes éthiques de l’IA de confiance et indiquer pourquoi « prendre le train de l’IA » était plus que jamais une nécessite. Son ouvrage « Diriger l’IA -comment donner un sens à l’intelligence artificielle » permet d’approfondir ces grands enjeux.
Gilles Jeannot, professeur à l’Ecole nationale des ponts et chaussées, est ensuite revenu sur les interactions possibles entre l’IA et l’action publique à travers deux grandes parties : « quelques leçons de la ville intelligente » et « les grands modèles de langage dans les administrations : France / Californie ».
Cyprien Cannivec, rapporteur général de la commission de l’intelligence artificielle, a, en exclusivité pour le public APS, répondu de façon nuancée à la problématique d’un possible retard français en matière d’IA. S’il n’est pas encore trop tard, il n’en reste pas moins que la France n’est pas la plus / suffisamment avancée en matière de déploiement et de prise en compte de l’IA au cœur de notre système productif et organisationnel (et ce alors que le décrochage en matière de productivité et d’efficacité par rapport notamment aux Etats-Unis risque de s’aggraver). Il a, dans une perspective historique de long terme, rappelé à quel point de grands empires avaient pâti par le passé de n’avoir pas su intégrer de grandes révolutions technologiques et industrielles (ex. de la Chine du 17ème siècle).
En conclusion de la matinée, Raùl Ruggia-Frick, Directeur de la branche développement de la sécurité sociale à l’AISS, a synthétisé les principaux axes d’un « nouveau rapport sur l’IA dans la sécurité sociale » publié en juin par l’association internationale. La diversité des applications de l’IA au sein des systèmes de sécurité sociale à niveau mondial a été mis en exergue ainsi que des exemples de « bonnes » et « mauvaises » utilisations dans différents pays (ex. des Pays-Bas où des envois automatiques de lettres de réclamation à des bénéficiaires a conduit à des actions gouvernementales illégales et à la démission de ministres).
L’IA dans les organismes, aujourd’hui et demain
Nicolas Amar, expert IA et IGAS, a démarré l’après-midi par une brillante synthèse des usages présents et futurs de l’IA au sein de la sécurité sociale à partir de son rapport produit à l’initiative de l’EN3S et de son travail avec les caisses nationales et la DSS en la matière. Il a insisté sur deux préconisations fortes du rapport, la nécessité de l’’implication des collaborateurs sur la base du volontariat, celle de l’accompagnement et de la formation et enfin l’importance de la création d’un centre d’excellence pour l’IA entre caisses nationales et de la mutualisation des solutions (notamment en raison des coûts d’investissement).
Une table-ronde avec les caisses nationales, Stéphane Donné, responsable Big Data, CNAF. Cyrielle Heronneau, directrice digitalisation et innovation, CCMSA et Carole Leclerc, directrice de l’innovation et du digital, URSSAF Caisse Nationale a permis à chacune d’entre-elle d’illustrer leurs propos par un cas concret de développement d’IA dans son réseau.
Stéphane Donné a abordé une réalisation concrète à la CNAF : le traitement de certaines catégories de courriels afin de mieux connaître et de mieux traiter les réclamations.
Cyrielle Heronneau a présenté un cas d’usage « Accompagner les agents dans leur mission de rédaction de réponses aux récits des adhérents MSA » à travers un partenariat du réseau MSA avec la DITP et l’IAG ALBERT.
Carole Leclerc a mis en avant le travail conséquent d’acculturation / sensibilisation de tous les collaborateurs du réseau des URSSAF à travers Explor’IA, une exposition-atelier immersive mêlant écoute, lecture et manipulation.
Enfin, la table-ronde conclusive a donné la parole aux organismes et aux initiatives locales.
François Grandet, directeur-adjoint en charge des programmes transverses – CRAMIF, a choisi de parler d’ADIA, l’Assistant à la codification des DAT par l’Intelligence Artificielle et des travaux en cours avec la CNAM-DRP pour intégrer ADIA dans SNTRP (outil de Tarification), actualiser la base de connaissance, incrémenter de nouvelles fonctionnalités…
Julien Orlandini, Directeur de la CAF du Var, a présenté les 4 POC (Proof Of Concept) IA en développement pour améliorer les processus métiers et la qualité des services: POC 1 – Amélioration de l’appui métier ; POC 2 – Génération de contenus de formation ; POC 3 – Personnalisation des contenus pour les allocataires ; POC 4 – Amélioration des campagnes marketing.
Sarah Videcoq-Aubert, directrice générale de la CPAM Meurthe et Moselle est enfin revenue sur le projet de maching learning pour améliorer les taux de participation aux campagnes de dépistage des cancers, un développement d’algorithme co-construit entre les équipes de la CPAM et un prestataire extérieur afin de mieux cibler les personnes les plus susceptibles d’aller se faire dépister.
Tous trois ont mis en avant à la fois le ROI de ces démarches d’IAG mais aussi les coûts d’investissement conséquent de ces projets à l’échelle d’un organisme (recrutement, accompagnement par un prestataire externe, formation, etc.).