26 mai 2021

UN « LIVRE BLANC » DE LA CRISE SANITAIRE PAR LES ANCIENS AUDITEURS DE L’IHEPS

L’association des anciens auditeurs de l’IHEPS (AAIHEPS) a souhaité alimenter les débats sur les orientations de la protection sociale de demain et les projets de réforme qu’elles impliquent. Nicolas Mitjavile, auditeur du cycle 10 et président de l’Association des anciens Auditeurs de l’IHEPS revient sur cet exercice de diagnostic qui se veut lucide sur notre système de protection sociale et a donné lieu à l’édition d’un « livre blanc ».

Qu’est-ce qui vous a conduit à la publication du livre consacré à      « La protection sociale française après la COVID 19 : épreuves d’un système ancien et opportunités d’un nouveau modèle » ?

L’association des anciens Auditeurs de l’Institut des Hautes Études de Protection Sociale regroupe aujourd’hui près de cinq cents membres qui sont naturellement des ambassadeurs de la protection sociale française.

Cela suppose qu’ils puissent par exemple participer à l’organisation de colloques et débats ou encore contribuer comme « think tank » à des réflexions sur toutes les questions de fond qui se posent dans le vaste domaine de la protection sociale.

Il était donc très naturel que je propose au conseil d’administration de l’association ainsi qu’à l’ensemble des membres de notre association de participer à une réflexion sur l’événement majeur de la crise sanitaire de la Covid 19.

C’était cependant une première pour notre association et je souhaitais pouvoir tester si la force d’un réseau de près de cinq cents professionnels exerçant leur activité dans tous les domaines permettait de conduire ce type de travail. Ce qui fait la force et la particularité de notre réseau par rapport à d’autres think tank c’est son ancrage professionnel et sa grande diversité et donc, sa capacité d’intelligence collective.

Après mon appel, j’ai cependant eu la satisfaction de constater que notre réseau répondait présent. Près de quarante volontaires se sont manifestés pour participer à la réflexion, soit près de 10% des membres de l’association. Je les en ai félicités et remerciés. Je ne le ferai jamais assez !

Comment avez-vous organisé le travail collectif des anciens auditeurs de l’IHEPS sur ce projet, et quelles en sont les retombées ?

Nous étions en période de confinement, les échanges devaient se faire en distanciel, et, pour la plupart, les bénévoles qui avaient suivi les cycles de l’IHEPS de plusieurs promotions ne se connaissaient pas. Après avoir sollicité l’avis des membres du conseil d’administration et de la direction de l’IHEPS sur ce que pourrait être le cahier des charges, nous avons formé un comité rédactionnel, défini un plan du rapport et formé des groupes de travail thématiques correspondant aux chapitres de ce plan. Nous avons ensuite demandé aux bénévoles de choisir les groupes de travail ou thématiques auxquelles ils souhaitaient contribuer. Nous n’avons pas voulu être plus directif. Nous étions de toute façon assurés que la diversité des profils de notre réseau et des bénévoles permettait que le primat de l’intelligence collective soit partout au rendez-vous dans les groupes de réflexion et de rédaction thématiques.

Ensuite, les groupes ont été invités à désigner des rapporteurs et rédacteurs, un retro- planning a été établi avec l’intention de pouvoir diffuser le rapport au temps fort de l’examen du PLFSS.

La diffusion a été assurée sous forme d’un rapport en édition papier et d’une version numérique adressés aux élus de la Nation (députés et sénateurs, membres du CESE), ministres et dirigeants des grands organismes de la protection sociale, syndicats, think tanks, journalistes…

Bien que le diagnostic et les propositions de notre rapport soient souvent d’une lucidité exigeante, voire sévère, notre rapport a été lu et unanimement apprécié. Les nombreux messages d’élus et de « grands noms » du secteur de la protection sociale que nous avons reçus ont toujours été élogieux.

Nous pouvons nous féliciter d’avoir eu foi dans les vertus de l’intelligence collective et de la coopération étroite et confiante entre l’IHEPS, l’EN3S et notre association d’anciens auditeurs.

Quelles sont les points saillants à retenir de cet ouvrage ?

Nous avions prévu d’établir un diagnostic assez court assorti de propositions d’un caractère le plus opérationnel possible. Nous savions combien les destinataires habituels de ce type de travaux sont « submergés » par la réception de nombreux rapports, pas toujours tournés vers l’action.

Notre rapport comprend soixante-neuf propositions réparties autour de huit axes correspondant à notre analyse.

Une attention toute particulière était portée, tant dans le diagnostic que dans ces propositions, à la nécessité de revoir notre système de santé de l’amont (prévisions, benchmark, politiques de prévention) jusqu’à l’aval (politiques d’évaluation et de retours d’expérience sans concession), en passant par les maillons faibles des politiques de prévention des risques sanitaires trop peu développées et de l’évolution nécessaire de l’organisation lourde, trop focalisée sur les aspects budgétaires plus que stratégiques et de son pilotage peu agile.

Quels sont les futurs projets de l’AAIHEPS ?

Forts de ce premier rapport, nous souhaitons continuer à œuvrer en publiant chaque année au moins une contribution sur une question importante du vaste domaine de la protection sociale.

Nous avons commencé à réfléchir à un thème pour 2021 au sein de l’association et avec la direction de l’Institut. Nous pensons à plusieurs sujets. L’un d’entre eux pourrait faire le lien avec le rapport sur la protection sociale française à l’épreuve de la crise Covid : celui de la prévention. Mais, rien n’est encore décidé.

Avec la collaboration de l’IHEPS et pour faire vivre le réseau des anciens auditeurs, nous avons prévu d’organiser des conférences-débats, des visites de terrain et chaque année, nous aimerions pouvoir organiser un colloque à ouvrir aux membres de l’association et à d’autres publics.