17 mars 2023
Le codéveloppement : une expérience humaine et apprenante
L’EN3S propose depuis plusieurs années dans son catalogue la formation « Codéveloppement » dans le but de renforcer l’intelligence collective. La Cnaf et l’Urssaf offrent à ses agents la possibilité de réaliser cette formation en bi-branches afin de favoriser le partage d’expérience entre deux univers professionnels différents.
Catherine Duprat-Jolly, Responsable Département Gestion des carrières ADD et Managers / SDRH Réseau DGRM, Urssaf et Catheline Chanon, Chargée de projets RH, Mission Gestion des dirigeants, Cnaf, nous explique ce dispositif et la valeur ajoutée pour les stagiaires.
Pouvez-vous définir le concept de codéveloppement ?
Catherine Duprat-Jolly : Le codéveloppement n’est pas une formation à proprement parler mais une forme d’apprentissage dans l’action entre pairs pour la résolution de situations professionnelles.
Il s’agit d’une méthode structurée visant à partager des expériences entre pairs portant sur des situations vécues au présent dans leur propre contexte professionnel et à partager des possibilités de solutions.
Il s’agit bien plus qu’un simple échange d’expérience ou de transfert d’expertise en permettant d’ouvrir les capacités d’action et de réflexion et d’améliorer la pratique professionnelle de chaque participant.
Il s’appuie sur l’intelligence collective, il favorise l’entraide et la coopération entre pairs mais également l’animation d’une communauté managériale. La confiance et les liens tissés entre les membres du groupe perdurent souvent et font naître de nouvelles relations professionnelles.
Que se passe-t-il dans une séance de codéveloppement ?
Catherine Duprat-Jolly : Chaque participant est à tour de rôle « client » et « consultant ». Le client expose une problématique et les consultants l’aident à réfléchir à différentes pistes de solution par leur questionnement et un partage de leur propre expérience.
L’exercice ne sera véritablement efficace que si chacun des membres du groupe expérimente au moins une fois la posture de client. Il est important que le participant client cerne bien son sujet et le formalise au préalable (l’apport du formateur est précieux pour cette étape essentielle).
Le client peut avoir au départ une représentation de sa problématique qui sera différente in fine, les différents apports des « consultants » pouvant amener à appréhender une situation sous un angle différent et à faire évoluer son regard.
Le processus de codéveloppement est également un processus qui permet à chacun de développer sa capacité à aider et à se faire aider. Se sentir en confiance avec les autres membres du groupe est essentiel.
L’accompagnement du groupe par un tiers est primordial, un consultant formé pour conduire le groupe efficacement et sereinement dans son cheminement de réflexions, pour les recadrages, ajustements, alertes, que le groupe en lui-même ne pourrait pas maîtriser ; pour éviter également tout conflit de leadership et garantir une écoute bienveillante.
Pour quel profil ce dispositif a-t-il été construit ? Quelles sont les thématiques abordées dans une séance ?
Catheline Chanon : Avant tout proposé aux agents de direction, le dispositif a été également expérimenté auprès d’un groupe de directeurs.rices de Caf et d’Urssaf l’année passée. L’objectif est de réunir des pairs pour qu’ils puissent échanger ensemble, non pas sur des sujets métier mais sur des problématiques plus larges : par exemple le management, les relations avec les instances ou encore des chantiers de transformation. Ce format peut intéresser les ADD et directeurs.rices qui souhaitent prendre du recul, bénéficier de retours d’expérience et trouver des solutions grâce à la force de l’intelligence collective.
Pour ce qui concerne le codéveloppement réunissant des directeurs et des directrices, nous avons réalisé un bilan de l’expérimentation très positif puisque 100% des participants le recommanderaient à un pair ! De fait, l’expérience sera de nouveau proposée pour constituer un groupe sur 2023.
L’originalité de votre dispositif est de proposer des groupes bi-branches. Qu’apporte cette rencontre entre 2 univers professionnels différents ?
Catheline Chanon : A la fois de se connaitre et de croiser les regards. C’est une des forces du dispositif que d’avoir l’occasion de partager en s’inspirant d’autres pratiques, d’autres « cultures » et de profils aux parcours professionnels variés. Et puis parce que c’est un atout non négligeable dans une carrière aujourd’hui, c’est aussi l’opportunité de développer son réseau. Parmi les retours qui nous sont remontés, nous remarquons à quel point chaque groupe crée sa propre dynamique, avec confiance et bienveillance, voire nous demande à continuer le codév sur du moyen terme !
Fort de ce succès, nous avons proposé à nos collègues de la Branche Maladie et de la Branche Retraite de nous rejoindre dans ce dispositif. L’année 2023 sera une année riche avec l’expérimentation du codéveloppement ADD multi branche.
Des appels à volontariat seront réalisés dès que nous aurons construit le calendrier avec l’EN3S.
Si cette approche suscite l’intérêt d’un lecteur, que lui diriez-vous pour le convaincre de passer de la curiosité à la découverte du co-développement en rejoignant le dispositif ?
Catherine Duprat-Jolly : Les profondes mutations de nos organisations de travail et des enjeux du management ont renforcé le besoin de partages de pratiques entre managers pairs. Le codéveloppement est l’occasion de créer un espace d’échanges et de co-construction permettant de s’appuyer sur d’autres expériences pour progresser et agir sur sa propre pratique professionnelle, son organisation et ses relations.
La participation à un groupe de co-développement aide notamment chaque membre à :
- Identifier ses modalités d’approche et d’analyse de problèmes, son potentiel à les résoudre et à les transformer en opportunité de progresser ;
- Affirmer son positionnement, mobiliser et fédérer ses équipes ;
- Valoriser son action et celle de ses équipes.
Catheline Chanon : Que le codéveloppement doit se vivre ! C’est avant tout une expérience humaine et apprenante, une parenthèse dans un quotidien professionnel qu’on sait rythmé et chargé. D’autant que les échanges entre pairs sont des occasions trop rares, et encore plus en dehors de son territoire et de sa branche. Le gain en efficacité et en énergie vaut largement l’investissement en temps et le format pour partie en distanciel permet de l’intégrer plus facilement dans son agenda. Alors vous n’avez plus de raisons d’hésiter !